Un domaine familial inspirant en agriculture naturelle dans les environs d’Ahmedabad au Gujarat au nord-ouest de l’Inde
Depuis l’aéroport très moderne de Bangalore au Karnataka, on rejoint Ahmedabad, la capitale de l’Etat du Gujarat. Première ville indienne à avoir été inscrite au patrimoine de l’UNESCO, elle est réputée pour son riche patrimoine architectural. C’est non seulement la terre de Gandhi où il s’installa plusieurs années mais aussi une grande ville industrielle, réputée pour son industrie textile et la pharmaceutique.
Sachant que notre Uber ne pourra pas accéder à notre chambre d’hôtes, étant située dans un haveli datant d’il y a 150 ans dans une ruelle inaccessible en voiture, on avoue qu’on appréhende légèrement notre arrivée. Nous laissant sur le côté d’un carrefour bruyant, on se dirige dans une ruelle sombre en suivant notre App qui, rappelons-le, ne positionne pas toujours les lieux correctement. Plus on avance dans la ruelle étroite où on s’est engagés, plus on se sent désorientés.
Au milieu des croisements de ruelles, des énormes feux à même le sol annoncent les jours des festivités d’Holi, la fête des couleurs. On revient en arrière car le vieux quartier est un véritable labyrinthe de ruelles sinueuses et dans l’obscurité, l’inquiétude monte n’ayant aucun repère. Lorsqu’on rejoint le carrefour, on appelle notre chambre d’hôte mais on n’y comprend rien du tout à cause du vacarme incessant des klaxons. Après une dizaine de minutes, un homme arrive et nous invite à le suivre à la chambre d’hôtes. Ce n’est pas la première fois qu’ils doivent accompagner des clients perdus entre les ruelles sinueuses du centre historique. Un autre dédale de vieilles ruelles, d’anciennes maisons traditionnelles et de temples nous mène finalement à notre charmant haveli.
Déguster des spécialités du Gujarat, entourés par les habitants impatients et surexcités à la veille de Holi, est une de ces expériences qu’on ne vit qu’en Inde.
Arrivés à la réception, on se sent déroutés par cette venue quelque peu déconcertante et n’ayant rien avalé de bien consistant depuis le déjeuner, on se sent affamés. Comme il est trop tard pour prendre le repas à l’haveli et qu’on n’a surtout pas envie de ressortir dans les ruelles sombres, on commande un repas à domicile, avec l’aide du réceptionniste qui tente de nous expliquer les mets. On s’installe tranquillement dans notre chambre, au caractère pittoresque, puis le réceptionniste nous amène notre repas livré. A 22h00, on dévore ce dîner traditionnel gujarati tant attendu sur le plus ravissant balcon de notre vie, dans un cadre absolument enchanteur. Déguster des spécialités du Gujarat, entourés par les habitants impatients et surexcités à la veille de Holi, est une de ces expériences qu’on ne vit qu’en Inde. Sur ce balcon à la façade éclectique, on aurait presque tendance à croire qu’on se trouve en Italie mais la magie de l’Inde nous ramène à l’instant présent rapidement.
Le lendemain, après une nuit reposante, on quitte l’haveli pour se rendre à une ferme située à la périphérie d’Ahmedabad. Ayant échappés aux lancés de poudres de couleur de justesse, on atteint le domaine après 30 minutes de route.
On remarque d’emblée les graines de fenouil, de moutarde et de sésame, puis le fenugrec, la coriandre et le cumin. Quelle variété d’épices !
En rentrant dans l’épicerie de la ferme, le producteur Dinesh nous salue et nous demande de patienter pendant qu’il est avec des clients qui font leurs achats. Divers articles de journaux accrochés contre un mur relatent l’histoire de Dinesh et de sa ferme certifiée naturelle depuis l’an 2000 déjà. D’un autre côté, des paquets de légumineuses, d’épices et de riz sont en vente directe. On remarque d’emblée les graines de fenouil, de moutarde et de sésame, puis le fenugrec, la coriandre et le cumin. Quelle variété d’épices !
Lorsqu’on sort de la boutique, Dinesh nous demande de s’asseoir avant de nous faire goûter ses tomates, très goûteuses. Ses clients lui offrent un carton dans lequel se trouvent des jeunes tortues en guise de cadeau. Depuis plus de trente ans, Dinesh, sa famille et une communauté d’ouvriers agricoles prennent soin de ces terres réparties sur 50 hectares.
Initialement, ils pratiquaient l’agriculture conventionnelle mais bien que le rendement ait été assez bon, c’était de lourds investissements. Le sol s'appauvrissait en ingrédients et l'environnement en souffrait. Après une profonde réflexion, ils se sont donc reconvertis à l'agriculture naturelle en appliquant le concept de sol sain, plante saine et alimentation saine.
Après une profonde réflexion, ils se sont donc reconvertis à l'agriculture naturelle en appliquant le concept de sol sain, plante saine et alimentation saine.
Dinesh vit selon la philosophie « live and let live » (vivre et laissez vivre), un art de vivre selon un principe du jaïnisme. Sa méthode d’agriculture douce et ses techniques durables lui permettent de décomposer la biomasse en humus ou en compost naturel.
Médecin de profession, Dinesh s'est plongé dans les techniques d'agriculture naturelle après avoir été témoin des conséquences de l'utilisation d'engrais chimiques et de pesticides. De plus, fâché par l'incapacité de la médecine à guérir les maladies, il a commencé à explorer les moyens d'améliorer le système immunitaire et de prévenir les maladies. Il a consacré sa vie à l'art de pratiquer la médecine sans médicaments, une philosophie qu'il intègre dans sa routine clinique quotidienne.
Dinesh vit selon la philosophie « live and let live » (vivre et laissez vivre), un art de vivre selon un principe du jaïnisme. Sa méthode d’agriculture douce et ses techniques durables lui permettent de décomposer la biomasse en humus ou en compost naturel.
Les microbes et les termites présents dans le sol décomposent la biomasse comme les feuilles mortes, pour produire de la matière organique (humus), qui améliore à son tour la fertilité du sol. Sur une certaine période, la formation d'humus a contribué à réduire de près de 70 % les besoins en eau des plantes dans l'exploitation.
Les microbes et les termites présents dans le sol décomposent la biomasse comme les feuilles mortes, pour produire de la matière organique (humus), qui améliore à son tour la fertilité du sol. Sur une certaine période, la formation d'humus a contribué à réduire de près de 70 % les besoins en eau des plantes dans l'exploitation. La présence de la faune telle que les insectes, les oiseaux et les animaux contribue à maintenir l'équilibre écologique.
Dinesh nous explique aussi que l’agriculture biodynamique qu’il pratiquait, considère la ferme comme un écosystème holistique où les animaux, les plantes et le système solaire sont tous liés entre eux.
Lors du tour dans son jardin potager, on remarque d’innombrables choux, salades, haricots, aubergines, tomates, oignons, calebasses, épinards et aux alentours beaucoup d’oiseaux blancs picorent les insectes. Il disposerait de plus de soixante espèces d’oiseaux sur son domaine.
Dinesh nous explique aussi que l’agriculture biodynamique qu’il pratiquait, considère la ferme comme un écosystème holistique où les animaux, les plantes et le système solaire sont tous liés entre eux. Améliorer et nourrir le sol est l’élément central. L’impact positif ne se remarque pas seulement sur les produits de la ferme qui ont meilleur goût et plus de valeurs nutritionnelles mais aussi par la population florissante de vers, d'insectes, d'oiseaux et d'environnements verdoyants.
On se régale de ce grain anisé ! Au nord de l’Inde, ils en servent souvent sur la table après un repas car le fenouil est reconnu pour ses propriétés liées à la digestion. On remarque de nombreuses coccinelles, des excellents alliés qui chassent les parasites, se nourrissant essentiellement de pucerons.
Après la visite du jardin potager, ses clients repartent et il nous emmène à son champ de graines de fenouil. On passe à travers les plantes hautes et embellies par des fleurs jaunes qui produisent les fruits tendres qui peuvent se consommer tels quels. On se régale de ce grain anisé ! Au nord de l’Inde, ils en servent souvent sur la table après un repas car le fenouil est reconnu pour ses propriétés liées à la digestion. On remarque de nombreuses coccinelles, des excellents alliés qui chassent les parasites, se nourrissant essentiellement de pucerons.
L’heure du repas de midi s’approchant, Dinesh nous invite à manger chez lui. Sa femme nous a préparé des chapatis, des currys de légumes, de pois (un type de lentilles hautement protéiné), du riz et une salade de tomates. Ils se nourrissent exclusivement des produits naturels de leur exploitation.
Comme tous les repas à la ferme, tout est frais et délicieux ! Son riz complet est spécialement bon, bien plus nutritif qu’un riz blanc. Il nous explique qu’ils cultivent plusieurs sortes de riz avec des variétés exotiques comme le riz rouge et le riz brun mais aussi des variétés indigènes parfumées comme le Krishna Kamod, appelé le Basmati du Gujarat. Et le Govindo Bhog, une variété du Bengale, au faible indice glycémique, excellent pour les diabétiques.
Après le repas, on s’installe sur le canapé et Dinesh nous fait goûter à de délicieuses amandes, noix de cajou et un mélange de graines, une spécialité typique du Gujarat qu’ils savourent après les repas pour mieux digérer. Ce sont des mukhwas, un mélange de sésame, fenouil, coriandre, parfumé à l’huile essentielle de menthe poivrée. C’est sain, rafraîchissant et subtil ! Sa femme nous raconte que Dinesh et sa fille en raffolent et pas seulement après les repas mais à tout moment. Lorsqu’ils s’approchent du bocal, ils ne peuvent pas s’empêcher d’en piquer une pincée. C’est elle qui prépare ce délicat mélange maison.
Dinesh nous invite à manger chez lui. Sa femme nous a préparé des chapatis, des currys de légumes, de pois (un type de lentilles hautement protéiné), du riz et une salade de tomates. Ils se nourrissent exclusivement des produits naturels de leur exploitation.
S’apercevant qu’on est aussi devenus addicts, elle nous en offre une poignée à l’emporter. Dinesh nous explique que sa maison est en rénovation et nous invite à la visiter. C’est grandiose et moderne, sur deux étages, avec un plafond très haut. Depuis les chambres, il nous montre qu’il est entouré par la nature et qu’il peut l’observer depuis chaque fenêtre.
En repartant, on remercie sa femme pour son accueil chaleureux et on continue la suite de la visite du domaine. Dinesh nous montre le fenugrec, l’un des principaux ingrédients de la poudre de curry. Ces graines jaune-brun ont une saveur forte et poussent dans des longues gousses d’une plante herbacée, de la famille des haricots. Ensuite, il nous montre la coriandre sur des plantes aux fleurs blanches qui donnent les fruits qui formeront l’épice.
Au centre de la ferme se trouve un sanctuaire avec quatre pierres qui donnent les directions cardinales. A l'aube et au crépuscule, ils font un Agnihotra homa, une offrande rituelle pour purifier l'environnement et honorer l'énergie cosmique qui vitalise la nourriture, les plantes et l'environnement.
Il y a aussi beaucoup de citrons, mangues, pommes à sucre, sapotilles, mûres indiennes et un rucher. Le dévouement et la passion de la famille sont visibles dans chaque recoin, surtout dans le jardin, où ils jouent même de la musique pour les plantes. Au centre de la ferme se trouve un sanctuaire avec quatre pierres qui donnent les directions cardinales. A l'aube et au crépuscule, ils font un Agnihotra homa, une offrande rituelle pour purifier l'environnement et honorer l'énergie cosmique qui vitalise la nourriture, les plantes et l'environnement.
Vers l’épicerie, sa fille, designer de profession, possède son atelier où elle créé des foulards, de la vaisselle, des tapis, des lampes, des petits meubles et des sacs, en s’inspirant de la nature environnante. Pour elle, l'art n'est qu'une interprétation de la nature. Aux tons pastel, c’est de très bon goût et aux tendances actuelles.
Décidément, c’est une famille proche de la nature. Dinesh, sa femme et sa fille gèrent tous les aspects de l'agriculture, y compris l'ensemencement, la transformation et la commercialisation, à l’aide de leur communauté d’ouvriers. Ils accueillent les visiteurs à la ferme et partagent avec plaisir leurs connaissances et leur passion.
En plus de la visite des champs de riz, blé, millet, légumineuses et légumes, la visite comprend la pépinière, le jardin potager, le magasin et l'unité de conditionnement, une école sur place pour les enfants des ouvriers, une étable et l'usine de biogaz, qui transforme les excréments en gaz méthane pour le fourneau de la cuisine. Une véritable ferme modèle à nos yeux.
La nature nous donne tout. Elle est généreuse. Les oiseaux, libellules, vers de terre, abeilles sont ses employés non-payés pour la pollinisation, la lutte antiparasitaire et l’aération des sols.
Avant de quitter ce lieu extraordinaire, Dinesh souhaite encore nous partager son temps en discutant dans son magasin. Il nous répète qu’il aime la nature et que c'est l'immense amour pour la nature qui l'a attiré vers l'agriculture. Son amour pour le sol et les plantes a commencé au Kenya où il a été élevé principalement dans la nature.
Cette enfance passée sur les terres africaines est peut-être la raison pour laquelle il est aujourd’hui passionné d’agriculture. Selon lui, il faut observer la nature avec attention. Il croit aussi à la loi d’attraction: plus on donne, plus on reçoit. La nature nous donne tout. Elle est généreuse. Les oiseaux, libellules, vers de terre, abeilles sont ses employés non-payés pour la pollinisation, la lutte antiparasitaire et l’aération des sols.
Ils travaillent généreusement, sans cesse, ce sont tous des leaders. Il attribue son grand succès à son crédo « Pardonnez, oubliez et laissez aller. Le produit final sera fort. L’Univers sera à vos pieds. L'amour est le mot de passe du succès. L'amour inconditionnel. L’amour de soi-même, c’est là que commence le voyage de soi-même à l’autre. Pour changer le monde, soyons le changement de ce qu’on veut. » nous encourage plus que jamais. Des ondes positives qu’on n’oubliera pas.
Dinesh avait le désir de créer quelque chose de différent, de significatif et il a pensé que l'agriculture naturelle était le remède à de nombreux maux. Pas seulement pour les humains mais aussi pour la nature. Au début, la production peut être ralentie, mais progressivement, le sol se détoxifie, ce qui nécessite un investissement minimal en intrants.
La biodynamie et l’agriculture naturelle lui ont permis d’améliorer la fertilité du sol et d’éliminer toutes traces d’intrants chimiques
La biodynamie et l’agriculture naturelle lui ont permis d’améliorer la fertilité du sol et d’éliminer toutes traces d’intrants chimiques. Dinesh, c’est un médecin qui pratique la médecine sans médicaments.
C'est un agriculteur mais c'est aussi un motivateur. Cette discussion philosophique, motivante et inspirante nous a apporté de nombreuses vérités étonnantes. Et on se souviendra qu’avec du temps, beaucoup de temps, la quête de la générosité et de l’amour, le succès sera à nos pieds.
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